Kandinsky, quand la peinture devient musique

16 octobre 2025 - 18:25

Une exposition immersive à la Cité de la musique explore les liens intimes entre le peintre russe et le son, jusqu’en février.

Mondialement célébré comme le père de l’abstraction, Vassily Kandinsky n’était pas seulement un pionnier de la peinture moderne : il fut aussi un mélomane passionné, convaincu que les formes et les couleurs pouvaient résonner comme des notes. À la Cité de la musique – Philharmonie de Paris, une exposition inédite propose jusqu’au 1er février un voyage multisensoriel dans son univers, à travers près de 200 œuvres, objets et documents issus de son atelier.

Un choc wagnérien à l’origine d’une vocation

Dès les premières salles, le ton est donné. Dans la pénombre, le visiteur est plongé dans une expérience immersive : face à de grandes toiles noires, animées d’images évoquant la Russie natale du peintre, résonne Lohengrin de Richard Wagner. C’est cet opéra, entendu à Moscou en 1896, qui provoqua chez Kandinsky ce qu’il décrira comme un véritable « choc spirituel » — une révélation sur la puissance émotionnelle de la musique, capable de peindre sans image.

« Kandinsky est sans doute l’artiste de la modernité qui a le plus étroitement lié peinture et musique », souligne Marie-Pauline Martin, directrice du Musée de la musique et co-commissaire de l’exposition. « Son œuvre explore ces liens sous toutes leurs formes : intellectuelles, émotionnelles, sociales. »

De la couleur au son : un parcours vers l’abstraction

Grâce à la fermeture temporaire du Centre Pompidou, plusieurs chefs-d’œuvre majeurs ont pu être prêtés pour l’occasion. Le parcours retrace la lente évolution de Kandinsky, depuis ses paysages encore figuratifs jusqu’à ses toiles les plus abstraites, véritables « symphonies picturales ».
Le visiteur peut ainsi contempler Jaune, rouge, bleu, Composition VIII (prêtée par le musée Guggenheim de New York), Composition IX et Composition X, témoins de cette quête d’harmonie visuelle inspirée par la structure musicale.

Quand Kandinsky mettait Moussorgski en scène

L’exposition révèle également une facette moins connue du peintre : celle de metteur en scène. Ses esquisses pour une adaptation scénique de Tableaux d’une exposition de Modeste Moussorgski sont présentées pour la première fois de manière aussi complète. Films, archives et dispositifs interactifs permettent de comprendre comment Kandinsky cherchait à traduire la musique en mouvement, en lumière et en formes.

Une attention particulière est portée au jeune public, avec un parcours sonore ludique et pédagogique ponctué de bruits de pinceaux, de voix et de textures sonores. Le but : faire ressentir la peinture comme une expérience totale, à la croisée des sens.

Correspondances et objets intimes

Une salle entière est consacrée à la relation entre Kandinsky et Arnold Schönberg, compositeur et peintre amateur, avec qui il échangea pendant plus de dix ans. Cette amitié intellectuelle éclaire leur quête commune d’un langage artistique libéré des conventions.
La dernière partie du parcours, plus intime, dévoile des objets personnels du peintre : disques, partitions, livres, photographies. Autant de traces d’un homme pour qui la peinture devait être écoutée autant que regardée.

« Kandinsky, l’expérience musicale »
Cité de la musique – Philharmonie de Paris (Porte de la Villette)
Jusqu’au 1er février 2026
Exposition immersive, parcours sonore et ateliers pour enfants

Commentaires(0)

Connectez-vous pour commenter cet article