Le danseur étoile, chorégraphe et maître de ballet Patrice Bart est décédé à Falaise (Calvados) des suites d’une maladie nosocomiale, à l’âge de 80 ans. L’Opéra national de Paris salue la disparition d’une “personne essentielle pour plusieurs générations de danseuses et danseurs”.
C’est une page de l’histoire de la danse française qui se tourne. Né à Paris en 1945, Patrice Bart aura passé plus d’un demi-siècle au service de l’Opéra national de Paris (OnP). Entré à l’École de danse à l’âge de 12 ans, il rejoint le corps de ballet à seulement 14 ans, avant de gravir patiemment tous les échelons. En 1972, à 24 ans, il est nommé danseur étoile.
« C’est magnifique parce que c’est l’aboutissement de ce dont on a rêvé toute sa jeunesse et en même temps, c’est le démarrage d’une autre vie », confiait-il à l’AFP en 2011, au moment de son départ de l’institution.
Interprète d’exception, Patrice Bart a dansé les plus grands rôles du répertoire : Pétrouchka, le Prince de La Belle au bois dormant, Don Quichotte, Le Fils prodigue. Il a également été de nombreuses créations de chorégraphes majeurs du XXe siècle, de Serge Lifar à Roland Petit, de Kenneth MacMillan à Rudolf Noureev, dont il fut l’un des interprètes et collaborateurs les plus proches.
Sa danse, marquée par la précision du geste et la noblesse du port, s’imposait comme un modèle d’élégance classique.
Nommé maître de ballet en 1987, il rejoint la direction de la danse trois ans plus tard, en 1990, un poste qu’il occupera jusqu’à sa retraite en 2011. Sous sa direction, des générations entières de danseurs ont été formées, guidées, inspirées.
« Passionné, exigeant, bon vivant et plein d’humour, il a porté le Ballet et les équipes grâce à son infatigable énergie », souligne l’Opéra national de Paris dans son communiqué.
Dans Le Figaro, la critique Ariane Bavelier écrivait ce lundi : « Son ombre planera encore pour longtemps dans les studios du Palais Garnier ».
Patrice Bart laisse également une œuvre chorégraphique importante, créée tant pour l’Opéra de Paris que pour de grandes scènes européennes. On lui doit notamment des productions marquantes au Staatsoper de Berlin (Don Quichotte, 1993 ; Le Lac des cygnes, 1997), à l’Opéra de Munich (La Bayadère), ainsi que des créations pour l’Opéra de Paris, parmi lesquelles Coppélia et La Petite Danseuse de Degas.
En 1991, il avait remonté avec Eugène Polyakov le ballet Giselle, dans le respect de la chorégraphie d’origine, offrant une lecture à la fois fidèle et vivante du chef-d’œuvre romantique.
Commandeur des Arts et des Lettres, de l’Ordre national du Mérite et chevalier de la Légion d’honneur, Patrice Bart avait reçu le prix Nijinski en 1974. Ces distinctions saluent une vie entière dédiée à la danse, entre rigueur et sensibilité.
Au-delà du maître et du créateur, beaucoup se souviennent d’un homme chaleureux, d’un mentor attentif, d’un artiste qui croyait à la transmission comme à une mission.
« Patrice Bart n’était pas seulement une étoile : il était un lien vivant entre les traditions du ballet classique et les générations futures », résume un danseur de l’Opéra.
L’Opéra de Paris lui rendra hommage dans les prochaines semaines, au Palais Garnier, là même où il fit rayonner, pendant plus d’un demi-siècle, la grâce et l’exigence de la danse française.